La FFMKR adresse des propositions au gouvernement pour améliorer la prévention de la perte d'autonomie
Alexandra PICARD
Kiné actualité n° 1562 - 26/03/2020
La FFMKR a envoyé fin février au ministère de la Santé et à plusieurs députés 15 propositions autour de 5 objectifs pour leur faire comprendre que les kinésithérapeutes, grâce à leurs compétences, sont bien placés pour prévenir la survenue de la dépendance chez les personnes âgées. “Nous sommes armés pour détecter précocement la fragilité, sans compter que nous sommes aussi des acteurs reconnus de la prévention”, affirme-t-elle dans ce document, avant de détailler une série d’arguments illustrés d’exemples concrets.
À chaque objectif, des réponses concrètes
La Fédération a ciblé 5 objectifs tirés du plan gouvernemental “Ma santé 2022” : porter un autre regard sur le grand âge, améliorer les conditions de vie de la personne âgée, maintenir son autonomie, mieux l’accompagner, et garantir la mobilisation et la coordination des acteurs et des financements au niveau national et dans les territoires.
À titre d’exemple, pour le 1er objectif, la FFMKR explique que les kinésithérapeutes peuvent réaliser un bilan préventif kinésithérapique, pris en charge financièrement par l’assurance maladie, pour toutes les personnes de plus de 70 ans. Le gouvernement pourrait également s’appuyer sur les déplacements à domicile pour repérer et lutter contre l’isolement.
Pour répondre à l’objectif 3, la FFMKR rappelle que les kinésithérapeutes ont toutes les compétences pour concevoir et participer à la formation de l’ensemble des équipes pluridisciplinaires, évaluer le matériel utilisé et former les équipes à son usage. “En optant pour cette solution, le gouvernement serait doublement gagnant”, souligne la Fédération, puisque par ce biais “nous luttons contre les TMS des soignants et œuvrons à limiter la survenue d’événements indésirables chez la personne âgée, en optimisant la sollicitation de ses capacités fonctionnelles tout au long de la journée”.
La Fédération aimerait également que la profession participe aux travaux de l’Observatoire national des métiers du grand âge. “Il faut nous impliquer”, insiste-t-elle, car cela va dans le sens d’une coordination entre les différents professionnels de santé. “Une prévention efficiente doit aujourd’hui passer par l’expertise croisée des infirmiers, médecins et kinésithérapeutes”, ajoute-t-elle.
Le gouvernement doit aussi aider les kinésithérapeutes à bien travailler sur le terrain
Mais pour cela, encore faut-il se donner les moyens pour le travail soit bien fait. La FFMKR a listé plusieurs mesures que pourraient prendre le gouvernement : “Il pourrait par exemple être opportun d’augmenter les compétences réglementaires du kinésithérapeute en élargissant la liste des dispositifs prescriptibles, d’en améliorer le remboursement, de rendre gratuit le stationnement pour les soins à domicile, d’améliorer les indemnités de déplacement pour faciliter le travail du kinésithérapeute qui se rend à domicile, de mettre en place une ROSP (rémunération sur objectif de santé publique) pour rétribuer le kinésithérapeute plus justement”, énumère la Fédération.
Elle suggère également de miser sur l’accès direct pour des soins de rééducation de l’équilibre de la force musculaire et la prévention des chutes de la personne âgée. Un parcours de soins de type Paerpa ou prévention de la fragilité, dans lequel le kinésithérapeute établit le diagnostic de la fragilité, en coopération avec les autres acteurs médico-sociaux, permettrait une meilleure couverture du risque et une meilleure efficience. On pourrait par ailleurs favoriser les pratiques avancées en gérontologie, en incitant les kinésithérapeutes à investir davantage ce champ d’activité avec une reconnaissance de diplômes spécifiques. Ou en valorisant les actes gériatriques dans la nouvelle nomenclature en cours de réécriture (lire p. 20).
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