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Covid-19 : le manque de sommeil serait facteur de risque chez les soignants

©Tempura

Sophie Conrard (avec APM news)
- 31 mars 2021

Le manque de sommeil et un important niveau d'épuisement professionnel seraient associés à un risque plus élevé d'attraper le Covid-19, selon une étude internationale publiée dans le BMJ Nutrition Prevention & Health.

De précédentes études avaient déjà suggéré que les habitudes de sommeil et l'épuisement professionnel étaient associés à une augmentation des maladies infectieuses ou chroniques. D'autres données indiquent aussi que ceux qui travaillent en première ligne courent un risque élevé d'infection au Covid-19 : selon les sources, le risque d'hospitalisation est 1,8 à 3,3 fois plus élevé chez ces personnels.

L'équipe de Kim HyunJu, chercheuse à l'université John Hopikins de Baltimore (Maryland), a souhaité savoir si les habitudes de sommeil et l'épuisement professionnel pouvaient être des fecteurs de risque d'infection au Covid-19 chez les professionnels de santé à hauts risques (qui travaillent en service de soins intensifs, en médecine d'urgence, en médecine interne…). Un questionnaire a été mis au point, avec une centaine de questions relatives à des données démographiques, médicales, à la réalisation d'un test PCR, l'utilisation de médicaments, de compléments alimentaires, etc. Les chercheurs ont ensuite évalué les potentielles associations entre sommeil, épuisement professionnel et Covid-19.

Résultats de l'étude

Parmi les 2 844 soignants exposés, il y avait 568 cas de Covid-19.

Les résultats de cette étude montrent qu'une durée de sommeil d'1h de plus la nuit est associée à une probabilité plus faible d'être infecté par le virus. Une durée de sommeil plus longue la nuit est aussi associée à une probabilité plus faible de Covid-19 modéré à sévère. En revanche, les siestes en journée n'ont aucun bienfait significatif.

Par ailleurs, le cumul de 3 troubles du sommeil (difficultés à s'endormir la nuit, réveil nocturne sans réussir à se rendormir, utilisation de somnifères) est associée à une probabilité presque 2 fois plus élevée de contracter la maladie. Avoir un seul de ces 3 problèmes n'augmente pas le risque de façon significative.

Concernant l'épuisement professionnel, il y a une relation dose-effet significative entre la fréquence de l'épuisement professionnel et le Covid-19. Les soignants qui se sentent épuisés tous les jours ont 2,6 fois plus de risques d'avoir la maladie que ceux qui ne sont pas du tout épuisés.

Des pistes à creuser

Les chercheurs font l'hypothèse que le manque et les troubles du sommeil peuvent avoir un effet néfaste sur le système immunitaire, en augmentant les cytokines pro-inflammatoires et les histamines. Cela reste à démontrer. Il est possible aussi que l'épuisement professionnel entraîne un plus grand nombre d'erreurs lors de l'enfilage et du retrait de l'équipement de protection individuel.

Cette étude, qui est la première sur ce sujet, pourrait permettre d'améliorer les mesures de protection des personnels soignants.

 

Source : BMJ Nutrition Prevention & Health, publication en ligne le 22 mars 2021.

Commentaires :

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ANTOINE abonné n° 37756 à écrit :(148)
Le sommeil peut "vieillir". Dormir à 20 ans et dormir à 80 ans, c'est différent. Un soignant qui travaille la nuit et qui est "cuit", il ne va pas bien vieillir. Dormir, s'endormir et se réveiller, il faudrait mettre de l'ordre dans tout ça.
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