Hommage à Philippe Picard, pionnier, militant, confrère engagé

le syndicat FFMKR 88
- 26 mai 2025
Le 24 mai, notre confrère Philippe Picard nous a quittés à l'âge de 89 ans. C’est avec une grande émotion que nous rendons hommage à celui qui a marqué de son empreinte la kinésithérapie vosgienne, régionale et nationale.
Diplômé en 1958, installé à Épinal, Philippe Picard a été bien plus qu’un praticien : un bâtisseur.
Dès les premières années de sa carrière, il s’entoure de collègues et amis (dont Jean Boudot) pour fonder en 1963 le Syndicat des masseurs-kinésithérapeutes des Vosges. Ensemble, ils participent activement à la création de la Fédération Française des Masseurs-Kinésithérapeutes Rééducateurs (FFMKR), posant les bases d’une organisation professionnelle forte et structurée. Il fallait tout penser, tout créer : statuts, congrès, coordination. Ils l’ont fait.
Philippe a accompagné les évolutions majeures de notre profession : la signature de la première convention avec l’Assurance maladie en 1962, la création de la NGAP, les décrets de compétence… Fin analyste du travail des représentants nationaux, il savait le retransmettre avec pédagogie à ses confrères, lors des assemblées où il éclairait, expliquait, répétait — avec calme et bienveillance — les textes souvent complexes de notre profession.
Lecteur assidu de Kiné actualité, qu’il disséquait ligne par ligne, il soulignait, surlignait, et partageait ses réflexions.
En 1994, il siège aux premières commissions socio-professionnelles départementales. Il y défend la réalité du terrain, dans un département à faible densité de praticiens mais à grande exigence humaine. Il négocie, explique, défend ses confrères face aux contraintes, notamment celles des quotas d’actes.
Philippe croyait profondément à l’importance de l’Ordre, bien avant sa création. Il a su convaincre les plus réticents par sa rigueur, son humanisme et sa vision d’avenir. Il n’a cessé d’œuvrer pour la modernisation de notre métier : suppression des prescriptions quantitatives, libre choix des actes et des techniques, reconnaissance du rôle du kinésithérapeute au-delà de l’acte.
Kinésithérapeute libéral, il a exercé avec passion et dévouement, souvent bien au-delà des horaires raisonnables. Il soignait avec patience, prenait le temps avec ses patients, en particulier les plus fragiles. L’humain, toujours, passait avant tout.
Jusqu’au bout, il s’est engagé. Malgré une fin de carrière en tant que salarié auprès de jeunes handicapés, il reste très engagé pour le monde libéral et reprend même la présidence du syndicat départemental jusqu’en 2013, avant de profiter enfin d'une retraite bien méritée, tout en restant président d'honneur du syndicat et en continuant à se tenir au courant de toutes les actualités de la profession.
Philippe Picard nous laisse une leçon de courage, de constance et d’engagement. Il citait souvent ce proverbe papou : "Si tu avances, tu meurs. Si tu recules, tu meurs. Alors pourquoi reculer ?"
Il a avancé toute sa vie.
Aujourd’hui, le syndicat des kinésithérapeutes des Vosges et de nombreux confrères du Grand Est te disent au revoir, Philippe… et surtout : merci.