L’hebdomadaire de la profession
pour les kinésithérapeutes

Élection à la Carpimko :
FFMKR, le choix de ceux qui veulent une retraite

Sophie Conrard
Kiné actualité n° 1677 - 05/06/2025

Vous serez bientôt appelés à élire vos nouveaux représentants à la Carpimko, votre caisse de retraite, par le biais d'un vote électronique. Voici quelques éléments sur le programme de la FFMKR, qui est engagée dans la gestion de la caisse depuis de longues années.

La caisse de retraite des paramédicaux regroupe 270 000 affiliés issus de 5 professions : infirmiers, kinésithérapeutes, orthophonistes, orthoptistes et podologues. Au conseil d’administration, il y a 6 postes d’administrateurs pour les kinésithérapeutes. Il est renouvelé par moitié tous les 3 ans. Cette année, 3 postes sont donc à pourvoir pour votre profession. La FFMKR propose 3 binômes de candidats (titulaires et suppléants) : Sterenn Houel et Damien Olivon, Stéphane Morales et Vanessa Sivignon, Corinne Friche et Émilie Pescenda-Honinckx.

Le 24 juillet, les administrateurs se réuniront pour élire le nouveau bureau de la Carpimko. Il est composé de 5 personnes, avec un représentant de chaque profession.

Vanessa Sivignon.

La FFMKR, forte d’un bilan flatteur
Durant ce mandat, la FFMKR était aux commandes de la Carpimko, avec Stéphane Beulay qui a été élu président en 2022. Avec son équipe, il a répondu à plusieurs questions et problématiques des kinésithérapeutes de terrain. “Notre force, c’est que nous vous comprenons. Nous vous soutenons et nous sommes toujours là pour vous”, insiste Stéphane Beulay. “On ne siège pas ‘pour la photo’. On vient avec des propositions et un projet solides”, confirme Stéphane Morales.

De 2022 à 2025, la FFMKR a œuvré pour une baisse de la CSG et une réorientation partielle de ces cotisations vers votre retraite. “C’était une promesse de campagne et nous l’avons tenue. Avant, une partie importante des prélèvements sociaux partait en CSG sans ouvrir aucun droit individuel à la retraite. Nous avons obtenu un rééquilibrage : à dépense constante pour les kinésithérapeutes, une part plus importante des cotisations ouvre des droits à la retraite. En résumé, avant on cotisait sans aucun retour, tandis qu’aujourd’hui, ce qu’on verse nous rapporte”, explique Vanessa Sivignon. “Cette victoire a été discrète mais elle est très significative. Et son impact sera démultiplié sur le long terme : pour les jeunes professionnels, sur toute une carrière, cela fera une vraie différence. Il faut savoir que la CSG est la plus grosse cotisation que les kinésithérapeutes versent à l’Urssaf !” Cette mesure sera applicable en 2026, sur la déclaration des revenus de 2025. “C’est une très bonne réforme pour les professions libérales, sauf pour ceux qui gagnent plusieurs centaines de milliers d’euros par an. Pour nous, kinésithérapeutes, elle est très avantageuse.”

La FFMKR a également permis l’extension du capital décès et de la rente de survie aux partenaires pacsés (avant elle était accessible uniquement pour les couples mariés), le maintien des allocations invalidité en cas de reprise partielle du travail, et une majoration de 10 % de votre retraite pour les parents de 3 enfants ou plus. Le RID, dont la survie était menacée, a été consolidé. Ses finances ont été redressées.

Damien Olivon et Émilie Pescenda-Honinckx.

Le choix d’une retraite qui vous ressemble
Aujourd’hui, le système de retraite des kinésithérapeutes est un système par répartition. La FFMKR propose d’introduire une part de capitalisation pour ceux qui le souhaitent, de façon sécurisée, sans obligation. “Nous voulons vous offrir un nouvel outil, facultatif, pour vous constituer une pension supplémentaire. Les pharmaciens l’ont mis en place, cela fonctionne. Et ce sera totalement transparent, géré et sécurisé par la Carpimko, qui ferait le choix de placements sûrs et performants”, souligne Sterenn Houel. “Ce n’est pas une privatisation de la retraite, ce serait une corde de plus à notre arc. Et on peut faire confiance à la Carpimko qui a déjà démontré la solidité de sa gestion financière, avec une performance supérieure à la moyenne des régimes. Il n’est pas question de ‘boursicoter’ mais de suivre les conseils d’experts dont c’est le métier.”

La FFMKR souhaite aussi favoriser le cumul emploi-retraite à partir de 60 ans, pour que ce soit plus simple qu’aujourd’hui. “Il permet de toucher l’intégralité de sa pension tout en continuant à travailler et à cotiser à la Carpimko. Avant, ces cotisations ne généraient aucun nouveau droit à la retraite. Grâce à l’action des élus FFMKR, ces cotisations créent désormais de nouveaux droits. Mais notre surcomplémentaire, l’ASV (qui s’appelle aujourd’hui prestation complémentaire vieillesse), n’est pas concernée par cette réforme : c’est ce que nous voulons changer lors du prochain mandat, sur le principe suivant : si je continue à travailler, je dois pouvoir continuer à améliorer ma retraite !”, détaille Damien Olivon. “Par ailleurs, le dispositif de retraite progressive permet à ceux qui le souhaitent de réduire progressivement leur activité en fin de carrière, de lever le pied pour des raisons qui leur appartiennent, tout en commençant à percevoir une partie de leur retraite, même s’ils n’ont pas encore atteint le taux plein. Mais ce dispositif est complexe et peu utilisé, c’est pourquoi nous voulons le rendre plus lisible, pour que les confrères et consœurs se l’approprient. Et nous voulons qu’il soit possible dès 60 ans, au lieu de 62 aujourd’hui. Au final, nous aimerions que les kinésithérapeutes puissent se faire une retraite à la carte, selon leurs envies et leurs parcours. C’est à la Carpimko de s’adapter aux désirs et aux carrières de chacun, et non l’inverse.”

Sterenn Houel.

Le choix d’une retraite digne et plus juste
“Actuellement, les kinésithérapeutes qui partent entre 64 et 67 ans subissent des décotes (concrètement, une décote de 1,25 % par trimestre manquant sur le régime complémentaire) très pénalisantes. Nous voulons les réduire ou les neutraliser car bon nombre de ces professionnels sont contraints à ces départs. Ils n’ont pas choisi d’arrêter leur activité avant l’âge légal”, explique Stéphane Morales. “On ne peut pas laisser les confrères qui ont travaillé toute leur vie partir avec une retraite amputée ! Ces décotes touchent ceux qui ont le plus besoin de soutien. C’est du bon sens. Et nous avons un plan pour financer cette mesure”, poursuit-il.

La FFMKR souhaite améliorer l’ASV (avantage social vieillesse) en le rendant accessible à 64 ans au lieu de 65 actuellement, et en le majorant de 10 % pour les parents de 3 enfants ou plus. Elle propose par ailleurs de permettre des surcotes sur ce régime. “C’est un régime très avantageux mais son fonctionnement est aujourd’hui obsolète sur plusieurs aspects. Aujourd’hui, il n’y a même pas de surcote si on travaille plus ! C’est pourquoi nous proposons de le réformer sans le dénaturer, pour plus d’équité et pour mieux valoriser le travail. Nous voulons aussi récompenser les parents et garantir une retraite sans décote pour ceux qui ont cotisé toute leur vie”, explique Émilie Pescenda-Honinckx. Concrètement, celle-ci propose de rendre l’ASV accessible à 64 ans, de le majorer de 10 % pour les affiliés qui ont eu 3 enfants ou plus, et de créer des surcotes pour ce régime (actuellement, il n’y en a aucune pour les kinésithérapeutes qui prolongent leur activité au-delà de l’âge légal de départ en retraite). “L’idée est d’aligner l’ASV sur les régimes complémentaires classiques pour en faire un outil attractif et équitable”, résume la candidate.

Calendrier

- Entre le 10 et le 16 juin : envoi d’une notice explicative sur le vote chez tous les votants, avec leur identifiant et la marche à suivre pour retirer son mot de passe.
- 24 juin : ouverture de la plateforme de vote https://carpimko2025.maiadouro.eu/
- 8 juillet : clôture du scrutin à 13h. Dépouillement et proclamation des résultats dans l’après-midi.
- 24 juillet : première réunion du nouveau Conseil d’administration issu de ces élections, qui élira un nouveau bureau.

Le choix d’être protégé à chaque étape de votre vie
La FFMKR souhaite améliorer le régime invalidité-décès (RID) en facilitant les démarches et en réduisant les délais. “Il est crucial de sauvegarder ce régime, dont toutes les caisses de libéraux ne disposent pas ! Nous le garantirons pour que les kinésithérapeutes puissent être protégés en cas de coup dur”, insiste Stéphane Morales.

La Fédération entend instaurer une aide maternité-paternité conventionnelle, comme celle qui existe pour les femmes médecins libérales. Elle se bat pour cette mesure lors de chaque débat budgétaire (en amont du PLFSS) depuis plusieurs années. “Les médecins libéraux bénéficient d’une aide financière conventionnelle pendant leur congé maternité-paternité. Les kinésithérapeutes, non, alors qu’ils ont les mêmes charges professionnelles. Ce n’est pas acceptable”, estime Vanessa Sivignon. “Partir en congé maternité (ou paternité) ne doit pas mettre en péril son cabinet ! Nous devons bénéficier de cette aide conventionnelle pour compenser les charges fixes pendant la durée du congé.” La FFMKR travaille déjà avec des parlementaires pour faire inscrire ce droit dans le PLFSS (projet de loi de financement de la Sécurité sociale) pour 2026. “Ce serait une avancée essentielle pour notre profession.”

La FFMKR souhaite par ailleurs protéger le fonds d’action sociale de la Carpimko, auquel chaque affilié peut faire appel en cas de difficultés personnelles ou professionnelles (maladie, accident, perte d’autonomie…), qu’il soit actif ou retraité. “C’est un dispositif de solidarité destiné à soutenir les professionnels, qui est attribué sur dossier après examen par une commission composée de professionnels de santé, comme vous. Des confrères et consœurs qui comprennent les réalités de terrain, les difficultés que vous pouvez rencontrer et qui jugent avec bienveillance et pragmatisme”, explique Corinne Friche, qui siège dans cette commission depuis plusieurs années et est candidate à sa réélection. “Selon les situations, il peut aider un affilié à payer certaines dépenses essentielles (facture d’électricité, loyer, courses alimentaires, frais d’obsèques…), des dépenses de santé non prises en charge par les mutuelles, contribuer au maintien à domicile (portage des repas, aide-ménagère, travaux d’aménagement du logement, etc.). Il peut aussi participer au paiement des cotisations sociales en cas de difficultés passagères”, énumère la kinésithérapeute. On ne parle pas d’un montant anecdotique : toutes ces aides représentent au total plusieurs millions d’euros chaque année.” C’est passionnant de siéger dans cette commission. On est vraiment dans le concret et dans l’humain. Ce fonds était méconnu, au début, mais depuis que nous avons été élus en 2013, nous avons beaucoup communiqué pour le faire connaître.” La commission est très réactive et peut mettre en place des aides très rapidement si besoin, comme ce fut le cas après le passage du cyclone Chido sur Mayotte ou de la tempête Garance à La Réunion, en début d’année.

Stéphane Morales et Corinne Friche.

Un choc de simplification et de transparence
La FFMKR entend faire de la Carpimko “une caisse pilote en matière de transparence”. “Globalement, les affiliés ne comprennent ni leurs cotisations, ni leurs droits retraite. C’est pour cela que nous voulons rendre la Carpimko lisible, accessible et compréhensible”, annonce Sterenn Houel. “Aujourd’hui, la Carpimko envoie tous les 5 ans un relevé difficilement lisible, qui est souvent incompris par les affiliés. Elle propose un simulateur en ligne mais il reste obscur pour beaucoup. Nous proposons donc de fournir chaque année aux affiliés un relevé personnalisé et clair de leurs droits acquis, pour qu’ils sachent où ils en sont et pour améliorer leur compréhension du système.” “Nous souhaitons également vous offrir une transparence accrue sur vos cotisations et ce qu’elles vous rapportent”, ajoute Vanessa Sivignon.

Pour moderniser la relation entre les affiliés et leur caisse de retraite, la FFMKR souhaite mettre en place des services en ligne plus fluides, en s’appuyant sur une intelligence artificielle sécurisée pour vous apporter des réponses rapides, tout en maintenant un accompagnement humain de qualité. D’ailleurs, ses représentants au conseil d’administration n’hésitent pas à donner leur adresse mail ou leur numéro de portable aux affiliés, afin qu’ils puissent les joindre facilement. N’hésitez pas à les appeler si besoin.

Pourquoi il faut voter

En 2022, le taux de participation au scrutin était de 16,51 % seulement. Pourtant, la gestion de la caisse a un impact décisif sur l’évolution de vos retraites. Elle ne peut pas être confiée à n’importe qui. Les tutelles observent de près le taux de participation à cette élection. “Il est important que les kinésithérapeutes votent à cette élection pour montrer qu’ils s’intéressent à leur retraite. Sinon on risque de nous confisquer la gestion de notre caisse et nous perdrions beaucoup d’avantages”, explique Corinne Friche. “Voter, c’est affirmer que vous tenez à votre caisse de retraite qui répond à vos besoins pendant toute votre vie personnelle et professionnelle”, confirme Damien Olivon. “Notre système de retraite est fiable et bien géré. Il faut voter pour le sauvegarder et continuer à l’améliorer.”

Alors votez et parlez-en autour de vous pour inciter vos confrères à voter. Tout se passe en ligne, c’est rapide et facile.

Comment sont prises les décisions à la Carpimko
À la Carpimko, “ce sont des professionnels comme nous qui votent pour prendre des décisions”, insiste Stéphane Morales. Les décisions sont prises à la majorité des voix. “C’est au conseil d’administration que se décide certains paramètres comme la valeur d’achat du point et sa valeur de service qui détermine notre future pension, les orientations politiques et l’utilisation des fonds d’action sociale. Il se réunit régulièrement pour valider les comptes et les orientations budgétaires (provisions, réserves, affectation des excédents…), pour définir les modalités de versement des différentes prestations (invalidité, capital décès) et pour gérer les placements de la caisse. Il faut savoir qu’elle gère plus de 7 milliards d’euros d’actifs !” Les administrateurs bénéficient d’un appui technique sur certains points. “Cela nous permet de prendre des décisions éclairées et d’assurer un niveau d’expertise élevé lors des débats.”

La FFMKR “prône le maintien d’une gestion prudente et performante, comme l’a reconnu la Cour des comptes dans un rapport publié en 2024. Notre objectif est de préserver notre autonomie de gestion et de bien gérer l’argent pour qu’un maximum de personnes en profitent au moment de leur retraite.” La Carpimko reçoit toutes les cotisations et les répartit entre régime de base, régime complémentaire, RID et ASV. Elle est autonome pour décider de la valeur d’achat du point et de la valeur de service du point retraite. “On ne fait pas de plans d’une année sur l’autre. Notre actuaire budgétise tout cela sur 50 ans”, précise Corinne Friche.

Certains jeunes croient qu’ils n’auront pas de retraite. “C’est faux ! La Carpimko est bien gérée, elle dispose de réserves et elle a un très bon rendement. C’est une caisse fiable sur laquelle vous pouvez compter. Nos élus maîtrisent les dossiers. Là où certains font preuve de démagogie, nous faisons le choix du pragmatisme et de la solidarité intergénérationnelle”, insiste Sterenn Houel.

© D.R.

Commentaires :

Déposer un avis (vous devez être connecté) Soumettre
Tous les articles
Nous vous suggérons aussi...