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Sciences : On s'est «promené sous la peau»

Le Dr Jean-Claude Guimberteau et Bruno Ducoux.

Jean-Pierre Gruest
Kiné actualité n° 1400 - 09/04/2015

Le Dr Jean-Claude Guimberteau [1], chirurgien plasticien de renom, parcourt la France pour donner des conférences lors desquelles il montre des images et des films inédits qui donnent une nouvelle approche du tissu vivant. Nous avons assisté à celle donnée à Paris le 1er avril.

Que se passe-t-il sous la peau lorsque vous massez un patient ? C'est ce qu'ont pu découvrir les quelque 150 personnes (majoritairement ostéopathes) venues assister, avec un intérêt soutenu, à la conférence du Dr Guimberteau, organisée à l'initiative du Groupe de recherche et d'échanges internationaux en ostéopathie (Greio). Pour l'occasion, le membre de l'Académie nationale de chirurgie était accompagné de Bruno Ducoux, ostéopathe réputé pour ses conférences dans le monde entier, qui le seconde dans ses recherches depuis quatre ans. Leur objectif : montrer comment la micro-anatomie endoscopique révolutionne l'approche de la matière vivante et, par conséquent, l'approche ostéopathique et masso-kinésithérapique.
"Au départ, je souhaitais simplement savoir comment fonctionnait le système de glissement des tendons. J'avais d'abord une vision chirurgicale, et non de recherche. Celle-ci est venue progressivement parce que c'est tout de même fascinant de découvrir comment fonctionne notre corps", a déclaré en préambule le Dr Guimberteau pour présenter les travaux qu'il mène depuis vingt ans. Résultat : une plongée incroyable, inédite, sous notre peau, "à la recherche de nos architectures d'intérieur". On découvre un monde de fibrilles, de polyèdres étincelants et de couleurs, un monde extracellulaire qui n'est finalement pas celui que l'on croit. "Cela perturbe nos acquis académiques, basés sur des études sur des cadavres ou in vitro, mais pas sur du vivant. Or le corps n'est pas qu'un assemblage de pièces détachées réunies par un peu de tissu conjonctif. C'est bien plus compliqué", explique le chirurgien, qui souhaite aussi montrer "la beauté des choses" et "rendre l'anatomie plus attractive".

"En réalité, notre tissu conjonctif est constitutif"
Pendant plus de deux heures très denses, étayées par des explications claires, les deux praticiens ont subjugué les spectateurs avec leurs images, films et animations 3D qui ont permis de voir les différentes couches de la peau, les muscles, les lobules graisseux ou encore les cicatrices sous un jour nouveau. De comprendre pourquoi, lorsque l'on étire la peau, celle-ci reprend sa place initiale, et comment ses éléments se mobilisent sans rupture sous la contrainte. Et de réaliser que "le tissu conjonctif est en fait constitutif, avec une trame collagénique, fibrillaire, dans laquelle les cellules sont organisées".
"Révolutionnaire" pour Bruno Ducoux, cette nouvelle approche du vivant permet selon lui d'envisager différemment l'ostéopathie, en conformité avec la philosophie du Dr A. T. Still, basée sur la recherche de la santé et selon laquelle tout ostéopathe doit continuer, au fil de sa carrière, à creuser et approfondir ses connaissances : "Ces résultats représentent une chance extraordinaire d'améliorer notre pratique au bénéfice du patient." Un avis partagé par Patrick, ostéopathe, "ravi d'avoir pu visualiser ce qu'est le tissu conjonctif et découvert le lien anatomique, la continuité fibrillaire et tissulaire entre les différents structures du corps".
"Je retiendrai de cette soirée les perspectives découlant de ces travaux de recherche : des solutions empiriques en ostéopathie qui peuvent éventuellement se concrétiser d'un point de vue plus scientifique, plus cadré, plus orthodoxe", explique Arnaud, jeune ostéopathe qui attend désormais "avec impatience" la suite des travaux du Dr Guimberteau et de Bruno Ducoux.

[1] Lire Ka n°1355 p. 24.
Plus d'infos sur www.endovivo.com

© J-P. Gruest / Kiné actualité

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