L'artificiel n'est pas sans conséquence sur le réel

Sophie Conrard
Kiné actualité n° 1679 - 03/07/2025
À tous ceux qui font les malins en jouant avec l’intelligence artificielle, permettez-moi de vous signaler que l’IA rend bête, c’est prouvé scientifiquement. Le très célèbre MIT (Massachusetts Institute of Technology) vient de publier une étude sur l’impact de l’usage répété de l’IA sur le cerveau. Extrait : “Sur le plan neuronal, linguistique et comportemental, les utilisateurs de ChatGPT sous-performent systématiquement par rapport aux personnes qui n’utilisent pas le chatbot pour les mêmes tâches.” Pourquoi ? Parce que le recours répété à une IA “remplacerait des processus cognitifs exigeants nécessaires à la pensée indépendante par des processus purement intégratifs”. Résultat : une baisse de la mémoire, de l’esprit critique, une vulnérabilité accrue à la manipulation et une baisse de la créativité.
Qui dit IA dit (très souvent) écran. L’omniprésence des écrans dans nos vies n’est pas, elle non plus, sans conséquence. Elle diminue nos capacités d’empathie, elle fausse complètement les rapports humains. Quelle société est-on en train de construire ? Durant ses interrogatoires, “l’adolescent qui a poignardé une surveillante à Nogent (Haute-Marne), le 10 juin, n’a montré aucun regret ni compassion, aucune capacité à saisir l’importance de la vie humaine”. Ces mots sont du psychiatre Serge Hefez, qui a signé une tribune publiée dans Le Monde le 22 juin et constate de plus en plus souvent “un rapport abstrait à l’existence” chez ses patients adolescents. C’est vraiment ça qu’on veut ?