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Disparition de Raymond Sohier, père de la kinésithérapie analytique

Sophie Conrard
- 09 février 2018

Nous avons appris hier soir le décès de Raymond Sohier, à l'âge de 95 ans. Fondateur d'une méthode qui porte son nom, il a bouleversé les pratiques de nombreux kinésithérapeutes. Enseignant passionné, il dispensait encore des cours il y a quelques années et on pouvait le croiser, par exemple,  dans les couloirs de l'INK à Paris.

Repères

Domicilié à La Louvière, en Belgique, Raymond Sohier était né à Jette le 17 mai 1922. Il est décédé à Cul-des-Sarts le 8 février 2018, à l'âge de 95 ans.

Il sera inhumé le 13 février au cimetière de Saint-Vaast (Belgique) à 11 heures 30.

Chercheur, enseignant, mais aussi praticien au quotidien pendant 40 ans, Raymond Sohier est connu pour avoir fondé la kinésithérapie analytique. Pourtant, il a failli ne jamais être kinésithérapeute : à 20 ans, il envisage plutôt de devenir enseignant, comme son père, et fait l'Ecole Normale. Mais en 1942, Hitler, qui occupe la Belgique, contraint tous les jeunes de sa génération à s'enrôler. Sauf les étudiants en santé : il s'inscrit donc à l'école de kinésithérapie.

Une fois diplômé, Raymond Sohier est embauché à l'hôpital de La Hestre (aujourd'hui CHU Tivoli) à La Louvière. Il y restera de nombreuses années et occupera le poste de chef de service de l'unité de MPR. Il y fait une rencontre déterminante : avec le rhumatologue Max Ruelle, un homme convaincu que la coxarthrose est la conséquence de problèmes pathomécaniques. Une thèse avant-gardiste qui séduit le jeune kinésithérapeute.

À ce moment-là, Raymond Sohier se lance dans l'étude de la biologie cellulaire – il s'efforcera toujours de valider ses réflexions par la science. Il découvre que les forces en transit dans les articulations ont un impact sur le tissu conjonctif, et en déduit que la répétition de stimulations physiques erronées au niveau de la cellule engendre la pathologie. Il formalise le concept Sohier en 1946 et commence à bâtir la kinésithérapie analytique, généralisant sa théorie à toutes les articulations du corps.

Selon lui, les affections mécanogènes ne peuvent être réellement soignées que si le traitement manuel entrepris agit au niveau de la cellule. Il en déduira plus tard qu'il est possible d'intervenir en amont de l'apparition des symptômes et se lancera avec enthousiasme dans la prévention.

En 1950, il fonde l'Institut de kinésithérapie analytique, où il assurait encore une trentaine de stages par an à la fin des années 2000.

Découvrir le concept Sohier :

Julie Devillers, "La thérapie manuelle selon Raymond Sohier", Kiné actualité n°1157 du 18 juin 2009.

Raymond Sohier, "Du Concept Sohier à la biologie mécanogène : les fondements de la kinésithérapie analytique", Kinésithérapie Scientifique n°407, janvier 2001.

(DVD) Entretien avec Raymond Sohier réalisé par Bernard Keyser, coédition Spek/Image Formation.

Site officiel de l'Institut international de kinésithérapie analytique fondé par Raymond Sohier

© D.R.

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