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2 000 kinésithérapeutes en colère ont manifesté sous les fenêtre d'Agnès Buzyn

Sophie Conrard
- 6 juillet 2018

Environ 2 000 masseurs-kinésithérapeutes se sont rassemblés hier aux portes du ministère de la Santé pour exprimer leur ras-le-bol et réclamer une meilleure reconnaissance de leur métier.

Le rendez-vous était fixé à 14 h. La place Pierre Laroque, au pied du ministère de la Santé, a rapidement été envahie par les manifestants et leurs banderoles égrenant les nombreux motifs de revendications : "Paupérisation de la profession : non !", "Non à la dérégulation", "Diplômés d'État, plombés par l'État", "Congé mat' pour toutes !", "Kiné dévoué mais kiné dénigré", "5 ans d'études supérieures : on veut le master !", "Kinés aux abois"… "Non-reconnaissance de nos 5 années d'études, non-revalorisation de nos actes depuis des années... La liste est longue mais la goutte d'eau qui a fait déborder le vase, ce sont les compétences données au chiropracteurs", très (trop) proches de celles des masseurs-kinésithérapeutes, a expliqué au micro Daniel Paguessorhaye, président de la FFMKR.

Un bon résumé de la situation.

Agnès Buzyn absente au rendez-vous

Quel dommage ! Agnès Buzyn était absente hier, en déplacement à Caen. Elle n'a donc ni vu ni entendu la colère des professionnels rasemblés sous ses fenêtres. Et ce n'est pas elle qui a reçu, vers 15 h, une délégation de 8 représentants syndicaux des masseurs-kinésithérapeutes (y compris des salariés), mais une équipe mandatée par ses soins : Yann Bubien, directeur adjoint du cabinet de la ministre, Thomas Wanecq, sous-directeur du financement du système de soins à la DSS, Mahias Albertone, sous-directeur des ressources humaines du système de santé, ainsi qu'un représentant du ministère de l'Enseignement supérieur.

Libéraux, salariés, étudiants... Toute la profession était représentée. A droite, Joël Betton, président de l'Unakam, et Julie Potteeuw-Boubeker, représentante des salariés du CHU de Nantes.

À la sortie, pas d'annonce à faire, "mais on s'en doutait", rappelle Daniel Paguessorhaye, habitué de ce type d'entretiens, qui y voit tout de même "des points positifs : nous avons repris contact avec le ministère, avec lequel les relations s'étaient dégradées, et j'espère que cela nous permettra de partir d'un bon pied à la rentrée. Il y a trop de dossiers en souffrance, il faut absolument qu'on puisse en discuter ensemble". Autre point positif hier : l'intersyndicale, qui a réussi à présenter un front uni. "Bien sûr, nous ne sommes pas d'accord sur tout, mais nous devons réussir à travailler ensemble pour défendre la profession et hier, cela s'est bien passé", se réjouit le président de la FFMKR.

Daniel Paguessorhaye, président de la FFMKR, et Olivier-Jean Marty, vice-président.

Rendez-vous est pris pour la rentrée

Tout espoir n'est pas perdu. "Il semblerait que le ministère soit prêt à revoir certains points du décret sur la formation des chiropracteurs", a-t-il annoncé au sortir de leur réunion, s'exprimant toutefois au conditionnel. Pour ce qui est de l'accès partiel à la profession, la DGOS va étudier la possibilité de resserrer les critères de façon à éviter une explosion démographique. Concernant le congé maternité, la délégation s'est vu répondre que "les femmes médecins libérales avaient obtenu cet avantage pour alléger leurs charges et les aider à s'installer dans certaines zones déficitaires, ce qui, pour le ministère, ne semble pas concerner les autres libérales !", s'est agacé Katia Gimenez (Alizé).

Pour ce qui relève de l'attractivité des carrières hospitalières, tout se jouera "à la rentrée, dans le cadre de la stratégie de transformation du système de santé" – "on nous promet de grandes avancées", a annoncé une représentante des salariées, dubitative. "Même le passage en catégorie A ne résout pas le problème à l'hôpital public", confirme un confrère de la CGT.

Cette kinésithérapeute salariée dans un service de cardiologie part à la retraite dans 3 semaines. Elle a appris qu'elle serait remplacée par un APA. L'hôpital n'a pas réussi à recruter un confrère.

Après avoir scandé une dernière fois "Kinés en colère" et "Buzyn démission", les manifestants se sont dispersés vers 17h, promettant de revenir en septembre pour "foutre le bordel s'il le faut", affirmait un kinésithérapeute, bien décidé à se faire entendre.

Photos ©Kiné actualité

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