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Disparition brutale de Dominique Aknine: ses confrères lui rendent hommage

Alexandra Picard
- 3 mai 2019

La kinésithérapeute Dominique Aknine est décédée brutalement le 26 avril à l'âge de 59 ans. Mère de 2 enfants, elle était engagée sur plusieurs fronts, à la fois sur le terrain auprès de ses patients, au niveau syndical à la FFMKR, dans ses fonctions ordinales, mais aussi dans la vie politique de Sartrouville, où se trouvait son cabinet. De nombreux confrères qui l'ont connue lui rendent hommage.

Monitrice d’équitation très jeune, avec un père président d’un club de rugby départemental, c’est par le biais du sport que Dominique Aknine plonge dans la kinésithérapie. En 1991, elle s'installe en tant que libéral à Sartrouville, dans la cité HLM des Indes. Elle a 27 ans et vient de quitter le CHU de Bichat, où elle a passé 4 ans. Dans ce quartier, elle monte avec un confrère un pôle médical qui intègre 5 médecins et 2 dentistes. Ensemble, il créent une SCI et construisent un immeuble médical. Elle s’ancre dans sa ville de cœur, Sartrouville, pour ne plus jamais la quitter.

Une kinésithérapeute qui défendait la cause des femmes

Rapidement, elle devient "la femme kinésithérapeute du quartier", qui prend en charge la patientèle en grande majorité d’origine musulmane et les enfants. "La cité des Indes est un quartier difficile pour les femmes. Elle y était énormément sollicitée par son métier (elle s’était spécialisée en uro-gynécologie) mais aussi parce qu’elle défendait la cause des femmes", témoigne son ami et confrère, Laurent Hut. "Femme de tête, rien ne l’effraye et n’entame son désir de pratiquer et d’aider : ni les tags, ni les pneus crevés, ni les violences verbales. Elle sait remettre quelqu'un à sa place quand la situation l’impose. On la respecte."

En février 2007, elle expliquait dans un article de Kiné actualité qu’elle "ne quitterait pour rien au monde ce quartier", soulignant "les relations extrêmement conviviales, la chaleur et la courtoisie de la population qu’elle côtoie quotidiennement". "Cette professionnelle généreuse dans son exercice ne comptait pas son temps, elle savait toujours se rendre disponible. Ses qualités étaient reconnues de tous. Ses actions envers les plus démunis étaient remarquables", tient à préciser son confrère et beau-frère Pierre Blanco.

Une syndicaliste convaincue

Appréciée et respectée dans la profession, elle laisse le souvenir d'une femme compétente et travailleuse. "C’était une excellente kinésithérapeute", témoigne Yvan Tourjansky, président de l’URPS-MK Île-de-France, qui l’y a côtoyé. Il se souvient "du plaisir qu’il avait à travailler avec elle. Dominique Aknine menait ses dossiers jusqu’au bout, consciencieuse et minutieuse". Elle se démarquait également par son franc-parler : "directe, vive, elle disait ce qu’elle avait à dire sans détour, sans langue de bois", relève-t-il.

Énergique, Dominique Aknine menait tambour battant ses combats. Dans les années 1990, elle s’investit au sein de la FFMKR 78. "Se syndiquer était important pour elle. C’était une femme de conviction qui savait défendre ses idées. Elle n’hésitait jamais à rappeler à ses confrères l’importance de s’engager pour, disait-elle, être représentatif dans les combats politiques", se rappelle Pierre Blanco. Daniel Paguessorhaye, président de la FFMKR, touché par sa disparition prématurée, souligne "son investissement humain au sein de la FFMKR : notre consoeur a consacré une grande partie de son temps à la défense des professionnels à la Fédération puis au sein de l’Ordre. Nous ne pouvons que lui rendre hommage".

Dans les année 2000,  elle devient vice-présidente de la FFMKR 78. En parallèle, en 2010, elle se porte candidate aux élections à l’URPS-MK Île-de-France et est élue. "C’était une figure importante de la FFMKR 78, qu’elle a fait vivre avec beaucoup d’enthousiasme", précise Ludwig Serre, vice-président du syndicat de Paris. Elle a organisé de nombreuses soirées-conférences, notamment à Sartrouville où, grâce à sa motivation, elle réunissait régulièrement plus d’une centaine de professionnels. Son confrère Christophe Dauzac garde un souvenir marquant d’une soirée scientifique sur l'épaule dont "elle avait su choisir le thème avec pertinence et en adéquation avec le public".

"Elle avait la capacité de mener de fronts plusieurs engagements, avec toujours la même force", se rappelle Laurent Hut. En 2006, elle devient présidente du conseil départemental de l’ordre. Élue trésorière du CNOMK en 2014, elle laissa sa place de présidente du conseil départemental à Pierre Blanco en 2017. Dominique Aknine y a marqué les esprits par son désir de toujours chercher à résoudre les conflits à l’amiable, sans compter "qu’elle a toujours défendu ses confrères quelle que soit leur appartenance syndicale", souligne Pierre Blanco.

Pascale Mathieu, présidente du CNOMK, a publié au nom de l’ensemble des élus du conseil national un message plein d’émotion, évoquant "une femme engagée pour notre profession et pour l’Ordre depuis de nombreuses années. C’est à titre personnel et professionnel une perte inestimable à laquelle nous devons faire face. Nous avons une pensée très émue pour sa famille et ses proches, auxquels nous témoignons notre entière solidarité et que nous accompagnons de toutes nos forces pour affronter cette terrible épreuve".

Pensées auxquelles s'associent l'ensemble du personnel et des élus de la Maison des Kinés, à Paris, qui l'ont bien connue. Nous présentons nos condoléances à sa famille et ses proches.

Une figure de la politique locale

Dominique Aknine était une figure emblématique de la ville de Sartrouville, où elle était très active.En 1995, elle contacte un candidat, Pierre Fond (qui deviendra maire) et lui fait part de son désir de s’inscrire sur sa liste pour représenter le plateau de Sartrouville. Elle est propulsée conseillère municipale à l’urbanisme et un an plus tard, maire adjointe déléguée à la politique de la ville. En 2001, elle est déléguée à l'environnement et en 2003, déléguée au développement économique et commercial. "En tant qu’élue locale, elle travailla sur de nombreux dossiers au côté de l’Union des commerçants, artisans et professions libérales de Sartrouville. Elle était toujours de bon conseil et avait une connaissance pointue des problématiques du Plateau", a déclaré Pierre Fond. "Elle était pleine d’implication dans tous ses dossiers. Elle s’est occupée des relations avec les commerçants, des travaux de voierie, de la mise en place du zéro phyto, de l’instauration de la Fête de la nature, de l’aménagement des Berges de Seine…". Elle fut également la suppléante du député Jacques Myard (actuel maire de Maisons-Laffitte) en 2002 et 2007, un homme qui a été marqué par "son soutien actif et précieux, agissant toujours en étroite coopération et en toute loyauté avec son député".

Commentaires :

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BERNARD abonné n° 1547 à écrit :(97)
Et puis ces repas pris ensembles lors des congrès qui engageaient notre profession dans le devenir. Je n'oublie pas que tu avais accepté, Dominique, la suppléance du duo que nous formions pour l'élection au Conseil Fédéral, alors que tes vies syndicale, politique puis ordinale t'accaparaient. Le SMKR-93-FFMKR-93 adresse ses condoléances à sa famille, ainsi qu'à vous FFMKR-78. Avec notre profond respect. Guillaume PLAZENET, Martine VIGNAUX, Bernard GAUTIER
BERNARD abonné n° 1547 à écrit :(96)
Le 30 04 19, le SMKR-93-FFMKR-93 à Laurent HUT président FFMKR-78 le texte suivant: Nous savons que l'histoire finit un jour, nous en ignorons la date. Le jour venu, ce sont les autres, ceux qui restent, qui s'en rendent compte et les souvenirs remontent. Ce sont les rencontres régionales qui au fil des années ont solidifié les liens dans le travail collectif, avec en point d'orgue la réalisation de vidéos et la victoire aux URPS. Ce sont pour vous syndicat des Yvelines, une dynamique que vous nous faisiez partager lors de vos rencontres annuelles regroupant un nombre important de professionnels de toute orientation. Et puis, ces repas pris ensemble lors des congrès qui engageaient notre pro
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