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Enquête sur l'exercice coordonné : les kinésithérapeutes investis mais en mal de reconnaissance

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Sophie CONRARD
- 12 juin 2025

Du 22 avril au 7 mai, la FFMKR a réalisé une enquête auprès des kinésithérapeutes exerçant en maison de santé pluriprofessionnelle (MSP) ou au sein de communautés professionnelles territoriales de santé (CPTS) pour en savoir plus sur leurs pratiques, les difficultés qu'ils rencontrent, etc. 970 personnes ont répondu au questionnaire.

La FFMKR a publié hier les résultats de son enquête. "Elle révèle un engagement fort des kinésithérapeutes dans les dispositifs de coordination, mais aussi un certain malaise quant à leur place réelle au sein de ces structures", analyse la FFMKR. Ils s'impliquent dans leur fonctionnement : "89 % de ceux qui appartiennent à une MSP participent aux réunions (82 % dans les CPTS), 80 % sont engagés dans des projets de soins (62 % en CPTS). Cette dynamique montre la volonté des kinésithérapeutes de s'investir dans la coordination des parcours de soins et l'interprofessionnalité", analyse la Fédération.

"Mais derrière cette implication se cache une attente forte de reconnaissance. Leur place dans la gouvernance des MSP interroge : 12 % des kinésithérapeutes ayant répondu à l'enquête estiment que les décisions n'y sont pas prises de façon équitable et 33 % jugent insatisfaisante la répartition des charges", poursuit la FFMKR, qui dit avoir récolté aussi "de nombreuses remontées" soulignant "l'opacité de la gestion financière de certaines MSP, un manque de lisibilité des règles budgétaires et une charge administrative trop lourde".

Des kinésithérapeutes sous pression

Seuls 26 % des kinésithérapeutes exerçant en MSP accueillent des patients en accès direct. "Le cadre conventionnel actuel semble insuffisamment incitatif", plaide la FFMKR. "Plus préoccupant, 27 % des kinésithérapeutes exerçant en MSP disent ressentir parfois ou souvent une pression de la part des médecins de la structure concernant leur pratique : soins dispensés, pression pour voir certains patients, voire chantage à la prescription." Des mots forts !

L'enquête de la révèle par ailleurs la présence de non professionnels de santé dans plus de la moitié des MSP (52 %). Ce sont surtout des ostéopathes exclusifs (dans 46 % des cas), parfois des chiropracteurs ou des sophrologues (7 % des MSP), des naturopathes dans 3 % des maisons de santé. Problème : ce ne sont pas toujours les professionnels de la structure qui choisissent de s'associer avec ces professionnels. Certains sont parfois "imposés par les collectivités locales qui financent les locaux" de la structure. "Cette situation interroge sur la lisibilité du message de santé publique adressé aux patients et sur la conformité des pratiques aux règles de l'exercice conventionné", estime la FFMKR.

Propositions

Les résultats de cette enquête "nourriront les échanges à venir avec les pouvoirs publics, dans l'objectif de bâtir un cadre plus équitable, plus transparent et véritablement interprofessionnel", annonce la Fédération, qui participe actuellement aux négociations en vue d'un avenant à l'ACI-MSP (accord conventionnel interprofessionnel). Dans ce cadre, elle demande plusieurs mesures : "la création d’un indicateur de mise en œuvre effective de l’accès direct aux kinésithérapeutes dans le cadre des soins non programmés ; l'encadrement du versement des rémunérations conventionnelles aux MSP hébergeant des non-professionnels de santé (hors psychologues) ; le remplacement du modulateur 'patientèle médecin traitant' par un critère davantage représentatif de la réalité du service rendu par l’ensemble des professionnels des MSP ; des règles minimales de publicité des rémunérations au sein des SISA, avec publication des statuts, modalités de répartition et rémunérations versées sur Data Ameli ; et la création d’un observatoire conventionnel du fonctionnement des SISA, notamment chargé d’organiser un retour d’expérience régulier des professionnels, sur la gouvernance, les frais et la transparence".

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