Avalanches de cannes devant les CPAM de France ce matin

Sophie CONRARD
- 10 juillet 2025
Ce matin, devant des dizaines de CPAM dans toute la France, les kinésithérapeutes se sont rassemblés pour protester contre le gel de leurs revalorisations tarifaires.
C'était le "festival des cannes" des kinésithérapeutes. Symboliquement, ils ont entassé sur le perron des caisses des béquilles, cannes, déambulateurs et autres matériels de rééducation. À leurs côtés, parfois, des patients solidaires, des passants surpris de découvrir le tarif moyen d'une séance de kinésithérapie (17,50 € pour une demi-heure de soins), et des pharmaciens, également mobilisés contre des décisions arbitraires du gouvernement menaçant l'équilibre des officines.
Le rendez-vous était fixé à 8h30 ou 9h, selon les lieux, et l'appel à la mobilisation était porté par tous les syndicats de la profession (FFMKR, Alizé et SNMKR).
Des kinésithérapeutes étaient présents devant les CPAM de Laon, Angers, Villeurbanne, Perpignan, Brest, Vannes, Lorient, Paris, Bourg-en-Bresse, Épinal, Bar-le-Duc, Lons-le-Saunier, Grenoble, Armentières, Valenciennes, Évry Courcouronnes, Cergy, Nancy, Colmar, Montpellier, Toulouse, Saint-Lô, Limoges… Dans certaines villes, les délégations étaient particulièrement nombreuses : plus de 100 kinésithérapeutes à Perpignan, 80 à Nantes, 60 à Brest, autant à Vannes (auxquels on peut ajouter une dizaine de confrères devant la CPAM de Lorient)…
Souvent, les directeurs des caisses sont venus à la rencontre des manifestants, avant de recevoir une délégation de façon plus officielle. Certains représentants syndicaux ont refusés d'être reçus, symboliquement, car toutes les relations conventionnelles ont été suspendues sine die depuis l'annonce du report des revalorisations tarifaires le 20 juin. À l'issue de ces échanges, aucune annonce n'a été faite, hélas, les directeurs des CPAM étant soumis au bon vouloir de la Cnam, elle-même soumise à la politique gouvernementale.
Cette mobilisation a eu beaucoup d'échos dans la presse quotidienne régionale ainsi que dans certains médias nationaux. Comme France inter, qui diffusait ce matin une interview de Sébastien Guérard, président de la FFMKR, rappelant les raisons de la colère des kinésithérapeutes : "La profession a perdu plus de 20 % de pouvoir d'achat en 10 ans. Nos revalorisations sont figées depuis 10 ans. Et surtout, nous avons signé en 2023 un avenant conventionnel pour lequel nous avons pris nos responsabilités. Nous avons accepté des contraintes pour mieux répartir les kinésithérapeutes sur le territoire. En revanche, les promesses qui nous sont faites par la tutelle ne sont pas tenues." D'où ce sentiment de trahison partagé au sein de la profession, qui communique en ce moment autour du slogan #kinéstrahis
La mobilisation va continuer cet été et à la rentrée, avec diverses propositions comme la suspension des prises en charge de patients en post-opératoire dans le cadre du Prado et de la Raac, grève de la télétransmission et du tiers-payant, suspension des gardes bronchiolite, actions locales avec les pharmaciens, etc. Pour connaître le calendrier précis, rapprochez-vous de votre syndicat départemental !