L’hebdomadaire de la profession
pour les kinésithérapeutes

Au nom de la concurrence

Sophie Conrard
Kiné actualité n° 1365 - 05/06/2014

Pêcheur, barbier, physiothérapeute, actuaire, guide de montagne, ingénieur en télécommunications… Qu’ont en commun toutes ces professions ? Pas grandchose, sinon qu’elles se trouvent toutes sur une liste de professions susceptibles d’être déréglementées d’ici quelques années. C’est en effet ce qu’envisage la Commission européenne, qui a établi et distribuée cette liste aux pays membres, qui peuvent donner leur avis. Le 2 juin, une liste définitive de six professions (sur 22 présélectionnées) sera arrêtée et Bruxelles décidera si elles doivent être déréglementées ou pas (lire p. 9).

Concrètement, il s’agirait d’ouvrir l’accès à certaines professions, au motif que cela favoriserait la mobilité professionnelle au sein de l’Union européenne (NB : les kinésithérapeutes comptent déjà parmi les professions les plus mobiles d’Europe, d’après une récente étude de la base de données de UE !) et la compétitivité nationale, et que cela permettrait de donner aux usagers un choix plus large, à de meilleurs tarifs. Si cela est aisément concevable pour certains métiers – je n’oserai les citer ici, pour ménager les susceptibilités –, j’ai du mal à imaginer que Bruxelles puisse décider d’ouvrir les vannes concernant les professions de santé. “La santé n’est pas un service comme les autres !”, clament les syndicats de masseurs-kinésithérapeutes, qui ont alerté le ministère de la Santé pour lui demander de s’opposer à une éventuelle dérégulation de la profession.

Hasard du calendrier : cette nouvelle est intervenue à la veille des élections européennes. Je me doute bien que ce n’est pas la seule raison du taux d’abstention élevé (aux alentours de 58 %, selon les instituts de sondage), ni du résultat des votes, mais je crains que cela ne réconcilie pas l’Union européenne et les Européens. Certains fustigent déjà “l’ultra-libéralisme” du système, “responsable du marasme économique” actuel et incompatible avec l’exercice libéral d’une profession de santé – en France en tout cas.

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