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Au musée d'Orsay à Paris :
La prostitution vue du boudoir

Jean Béraud (1849-1935), L'Attente", 1880. Huile sur toile, 56 x 39,5 cm. Paris, musée d'Orsay. "

Damien Regis
Kiné actualité n° 1416 - 24/09/2015

Au-delà de ses détracteurs, le plus vieux métier du monde a également fasciné les artistes, comme en témoigne cette exposition consacrée aux filles de joie au 19e siècle.

Fallait-il appeler “Splendeurs et misères” cette exposition des représentations artistiques de la prostitution en France entre 1850 en 1910 ? La question s’est sans doute posée aux organisateurs de cet événement : le musée d’Orsay à Paris, le Van Gogh Museum d’Amsterdam et la Bibliothèque nationale de France. En effet, les “splendeurs” s’avèrent aussi glauques que sont bien réelles les “misères” qui accablent les filles et leurs clients. Quoiqu’il en soit, cette exposition constitue une première en son genre, qui mérite d’être vue.

Les œuvres rassemblées au musée d’Orsay nous montrent comment était organisé, vécu et perçu l’amour tarifé, alors considéré comme “un mal nécessaire”, dans le Paris des menus plaisirs, entre le Second Empire et la Belle Époque. Les maisons closes ont beaucoup fasciné les artistes de cette période et on sait que nombre d’entre eux, et pas seulement Toulouse-Lautrec, y avaient leurs habitudes ! Et, peut-être pour cette raison, les scènes représentées mélangent souvent les fantasmes aux faits observés. Dans l’atmosphère fiévreuse des bordels, ces lieux de “sociabilité masculine”, se succèdent les scènes de volupté, de transgression ou d’initiation et, à la pointe de son pinceau, le peintre n’en a pas perdu une miette…

Henri de Toulouse-Lautrec (1864-1901),
“Femme tirant son bas”, 1894.
Huile sur toile, 58 x 46 cm.
Paris, musée d’Orsay.
Anonyme, “Études de nu, femme assise bras croisés”,
entre 1900 et 1910.
Aristotype (épreuve au citrate), 17,4 x 12,4 cm.
Paris, Musée d’Orsay.

L’incarnation de tous les vices
Tout au long du 19e siècle, la prostitution sort des alcôves pour gagner l’espace public : la rue, les bars et cabarets, et même le théâtre ou l’opéra, des lieux où il devient difficile de distinguer la fille de joie de l’honnête femme. Au sommet de la hiérarchie s’installent alors les “courtisanes”, qualifiées d’“étoiles de la haute prostitution”.

Le confort des maisons d’accueil et la qualité des clients leur donnent un statut particulier qui les conduit notamment à influencer la mode et à faire évoluer les goûts. Certaines incarnent une certaine réussite sociale et le rapprochement sociologique de ces courtisanes avec les dames du (beau) monde en vient même à conduire les hommes à jeter un regard assez global et suspicieux sur la femme, incarnation de tous les vices.

C’est toute cette évolution des professionnelles de l’amour tarifé que nous montrent les peintres, et même les photographes, dont beaucoup exercent leur art en composant de véritables tableaux vivants réunissant filles de joie et clients en goguette. Pour cette initiation au plus vieux métier du monde, artistiquement offerte par le musée d’Orsay, on retrouve des signatures aussi fameuses qu’Edgar Degas, Henri de Toulouse-Lautrec, Émile Bernard, Jean Béraud, Louis Valtat, Vincent Van Gogh, Félicien Rops… et, plus tard, Edvard Munch, Georges Rouault, Maurice de Vlaminck ou Pablo Picasso. Que du beau monde !

Jusqu’au 17 janvier 2016
“Splendeurs et misères. Images de la prostitution 1850-1910”

Musée d’Orsay
1, rue de la légion d’honneur
75007 Paris
Tél. : 01 40 49 48 14  et www.musee-orsay.fr

© RMN-Grand Palais (Musée dʼOrsay)/Franck Raux.
© RMN-Grand Palais (musée dʼOrsay)/Hervé Lewandowski.
© Musée dʼOrsay, Dist. RMN-Grand Palais/Alexis Brandt.

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