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Au Musée d'Orsay à Paris :
L'innocence du Douanier Rousseau

Henri Rousseau, dit Le Douanier Rousseau (1844-1910). Le rêve", 1910. Huile sur toile, 204,5 x 298,5 cm. New York, The Museum of Modern Art, don de Nelson A. Rockefeller, 252.1954. "

Damien Regis
Kiné actualité n° 1446 - 12/05/2016

Comme un hymne à la naïveté, voici Le Douanier Rousseau, peintre éminemment singulier, qui reste aujourd'hui encore un cas unique dans l'histoire de l'art européen. L'occasion de (re)découvrir une oeuvre atypique.

C’est parce qu’il avait commencé sa vie professionnelle en travaillant dans un octroi que fut donné à Henri Rousseau (1844-1910) le surnom de Douanier Rousseau, celui avec lequel il se fera connaître comme un représentant majeur de l’art naïf. Issu d’une famille modeste de Mayenne, celui-ci n’a jamais fréquenté les académies. C’est seul, à force de travail et poussé par une passion sans mesure, qu’il s’est jeté dans la peinture, produisant surtout un nombre considérable de paysages et de scènes de jungle… sans pourtant jamais quitter l’Hexagone !

Puisqu’il ne pouvait pas voyager pour aller planter son chevalet dans les contrées qui le fascinaient, c’est à partir des illustrés de son temps, des jardins botaniques qui présentaient les premiers jardins exotiques et aussi des récits des soldats de retour d’une expédition française au Mexique qu’il donna forme à son imaginaire.

Les moqueries dont ses premières toiles furent l’objet parce que, disait-on, elles ressemblaient à des dessins d’enfants, ne firent que conforter sa détermination. C’est seulement à partir du Salon des Indépendants de 1891 que Le Douanier Rousseau a commencé à recevoir des encouragements positifs, dont ceux de Félix Vallotton, admiratif devant Surpris !, un tableau qui montre un tigre progressant dans la touffeur de la jungle.

Sa peinture est alors reconnue comme un art à part entière et plus personne ne se moque alors du Douanier, dont le métier est de contrôler la circulation des vins et alcools ! Mais son surnom va le poursuivre, comme un clin d’œil. Il noue alors de solides amitiés avec des artistes reconnus, notamment avec Marie Laurencin, Edgar Degas, Guillaume Apollinaire ou encore Paul Gauguin. Il lui faudra attendre 1909, un an avant sa mort, pour vendre enfin ses premiers tableaux au marchand Ambroise Vollard, pour la somme rondelette de mille francs.

Henri Rousseau, dit Le Douanier Rousseau (1844-1910).
"Moi-même, portrait-paysage", 1889-1890. Huile sur toile, 146 x 113 cm.
Prague, Národni galerie v Praze.

Entre réel et imaginaire
L’exposition du musée d’Orsay, qui bat des records d’affluence depuis son ouverture le 22 mars, se fixe pour but de démontrer combien le travail du Douanier Rousseau “appartient à une tendance de l’art occidental qui, de l’Amérique à l’Europe, à partir du 16e siècle jusqu’aux deux dernières décennies du 20e siècle, a adopté un modèle stylistique de type archaïque, en opposant une peinture anticlassique à la peinture officielle des différentes époques”.

Les toiles du Douanier Rousseau, dont Le Rêve, peinte peu avant sa mort, est l’une des plus achevées, foisonnent de confrontations : celle du réel et de l’imaginaire, de la civilisation et du monde sauvage, ou encore de l’homme et de l’univers animalier. Elles montrent sa façon si particulière de peindre des portraits-paysages où des personnages bien réels sont plongés dans des univers inventés et foisonnants sortis de son imaginaire de “traqueur de merveilleux”.

Ses peintures sont confrontées à des œuvres dont les artistes avaient noué avec lui des liens de connivence artistique, en explorant de nouveaux territoires de modernité. Aussi y voit-on des toiles de Picasso, Paul Gauguin ou Max Ernst.  

Max Ernst (1891-1976). "Jardin peuplé de chimères", 1936.
Huile sur toile, 42 x 56,4 cm. Collection particulière.

Plus de cent toiles perdues
L’exposition est organisée autour des thèmes récurrents de l’œuvre de Rousseau : les paysages immobiles peuplés de figurines et de dirigeables, les jungles avec les animaux solitaires ou les combats de fauves, ou encore les natures mortes.

On estime que Le Douanier Rousseau a peint quelque 250 tableaux, dont une centaine a été perdue ! Certaines toiles ont été données par l’artiste en guise de paiement à sa blanchisseuse ou à son épicier, lesquels les ont sans doute jetées, ne leur accordant pas plus d’importance, ni de prix qu’à un naïf dessin d’enfant…

Jusqu’au 17 juillet 2016
“Le Douanier Rousseau – L’innocence archaïque”
Musée d’Orsay
1, rue de la Légion d’Honneur 75007 Paris
Tél. : 01 40 49 48 14 et www.musee-orsay.fr

© 2016. Digital image, The Museum  of Modern Art, New York / Scala, Florence
© BPK, Berlin, Dist. RMN-Grand  Palais / Lutz Braun
© Droits réservés/ADAGP, Paris 2016

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