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Quimper :
On s'évade au musée

Les abords de Marrakech un jour de marché", de Maurice Romberg (1862-1943). Dessin à l'aquarelle sur carton. "

Frédérique Maupu-Flament
Kiné actualité n° 1481 - 16/03/2017

Voyager, s'évader, humer l'air du large et découvrir des paysages envoûtants, c'est ce que propose le Musée des beaux-arts de Quimper avec l'exposition \"Voyages, le goût de l'ailleurs\". À travers ses collections, on retrouve les grands thèmes de l'inconnu et de l'évasion en peinture, de la passion pour l'Italie à l'orientalisme.

Partir, franchir des océans, aller au-devant de l’aventure et l’inconnu… Le voyage a toujours fait rêver les hommes et inspiré les artistes. Prétexte aussi pour les peintres, sculpteurs, écrivains et musiciens à explorer des contrées plus intimes : goût du dépassement des limites, plaisir de l’apprentissage, sens initiatique du voyage. Entre romanité et orientalisme, l’exposition quimpéroise revient sur le périple des peintres des 18e et 19e siècles, de l’Italie à l’Extrême-Orient, en passant par le Maghreb.

“Vedi Napoli e poi muori”
“Voir Naples et mourir”, cette phrase de Goethe dit à quel point le 19e siècle intellectuel est fou de l’Italie. À cette époque, la visite de ce pays est une étape cruciale dans la vie d’un artiste ou d’un érudit. Copier l’Antique, s’inspirer de Raphaël est une étape incontournable, de même que parcourir la campagne toscane, s’aventurer dans Rome et y glaner des impressions. C’est à cette période que Stendhal écrit Voyages en Italie. Selon le marchand et collectionneur Pierre Rosenberg, c’était là pour les artistes l’occasion de se constituer “pour le restant de leur existence un garde-manger, un délicieux, un inoubliable garde-manger”.

Outre de nombreuses toiles, l’exposition propose une plongée dans l’art avec le documentaire de Florence Mauro (52 minutes), Vues d’Italie.

Ce film suit les traces des voyageurs qui, de Goethe à Proust, ont fait de l’Italie le but d’un pèlerinage esthétique et sentimental. Il visite au passage une histoire du regard, de la peinture à la photographie et de la photographie au cinéma.

Les généreux donateurs de Quimper

Toutes les œuvres présentées ici proviennent des collections du Musée des beaux-arts de Quimper qui abrite également des objets d’art du Moyen et de l’Extrême-Orient.
Présence insolite en Bretagne qui s’explique par le goût des donateurs pour l’Orient, notamment le député Léonard Corentin-Guyho (1844-1922) qui a légué à Quimper une collection très éclectique avec des joyaux comme le “Bartolo di Fredi” ou encore une magnifique broche de René Lalique. Les orientalistes que l’on peut découvrir ici sont moins connus que les Delacroix, Fromentin et autres Benjamin-Constant, mais la qualité de leurs œuvres témoigne parfaitement de la sensibilité d’une époque qui, de la fin du 19e au début du 20e siècle, allait voir l’explosion du genre.

L’Orient fantasmé et l’Espagne du peuple
Avec la Campagne d’Égypte s’ouvrent d’autres horizons, plus lointains et étranges, fascinants dans leurs différences. Maroc et Algérie deviennent des destinations à la mode pour les peintres et les écrivains. L’Orient se dévoile, vécu ou fantasmé. L’Algérie et ses paysages grandioses leur offre l’occasion de se dépasser. Le défilé d’El Kantara a été immortalisé par Georges Clairin et l’Oasis de Biskra par Jean Veber et Ernest Gaston Marché. Auprès de ces toiles, d’autres tableaux expriment la vie du peuple avec des scènes de marchés, de danseuses. Quant au Maroc, le musée quimpérois conserve une collection de dessins de Maurice Marinot, peintre qui séjourna dans le pays en 1917.

"Matelots napolitains se tatouant",
de Constantin Prévost (1796-1865). Huile sur toile.

L’exposition rend aussi hommage à l’Espagne en tant que porte d’entrée de l’Algérie et du Maroc, riche de son passé islamique. Elle offre aux artistes un périple plus aventureux que l’Italie, d’autant que le pays est pauvre à cette époque. Ce qui intéresse avant tout les peintres de l’Espagne, c’est la population, l’âpreté de la vie et les scènes de genre très ancrées dans une réalité plutôt cruelle. Les figures du mendiant, du bandit sont d’ailleurs prédominantes dans les œuvres de Decamps et Lauth que l’on peut découvrir à Quimper.

Pour les plus jeunes

Le musée propose deux programmes : les Artistes en herbe, visite et ateliers d’arts plastiques “Esprit nomade”, et l’Heure des Tout-petits, découverte ludique “Voyage, voyage” pour les 4-6 ans. Inscriptions au 02 98 95 45 20.

Des contes pour voyager dans l’imaginaire
Pour les plus jeunes (mais les adultes sont les bienvenus), le Musée des beaux-arts de Quimper a mis en place un programme de visites et de spectacles hauts en couleur. Deux conteuses, Frida Morrone et Layla Darwiche, nous font vibrer au rythme de leurs récits. Frida la Milanaise joue sur la gourmandise et les histoires d’amours et de chevalerie avec Histoires mijotées à l’italienne ou Histoires plus ou moins anciennes des différents pays d’Italie, alors que Layla l’Orientale fait trembler avec des ogresses et des princes amoureux dans Petite lentille. L’une et l’autre puisent dans un vaste répertoire d’histoires populaires de leur pays, proposant au fil des mots une autre façon de voyager.

Musée des beaux-arts
40 place Saint-Corentin
29 000 Quimper
02 98 95 45 20 - www.mabaq.fr

© Tous droits réservés
© Musée des beaux-arts de Quimper / Thibault Toulemonde

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